Hier
j’ai regardé un cruel documentaire ayant été diffusé récemment sur M6 « Cités,
foot : La haine des homos ». Je vous passe mes commentaires puisque je pense
que vous pouvez, en tant qu’adultes, vous faire votre propre opinion en le
regardant par vous-même. Par contre, il y a une question et une réponse qui
m’ont marquée et qui, je pense, me marqueront pour très longtemps.
À un
moment donné, la psychologue du « Refuge », demande à un jeune garçon
de 18 ans : « Est-ce que un jour dans ta vie tu t’es senti en
sécurité ? ». Ce dernier prend le temps de la réflexion et avoue
« Non. Jusqu’à maintenant, non. »
Je
crois qu’en tant qu’adulte, en tant que femme, en tant que lesbienne, en tant
qu’infirmière, ou tout simplement en tant qu’être humain, je suis restée sans
voix et bouleversée. Je reconnais que ça m’a fait renifler un peu, contre ma
volonté, parce qu’en ce moment je suis un petit peu trop sensible pour ma
propre sécurité.
Et là,
j’avoue, ça m’arrive rarement mais j’ai eu un peu honte. Honte de la chance que
j’ai dans la vie. Parce que moi, j’ai bien réfléchi aussi et jusqu’à
maintenant, je me suis toujours sentie en sécurité. Toujours. J’ai bien eu des
frayeurs et des peurs, irrationnelles et incompréhensibles mais je me suis
toujours sentie en sécurité. En sécurité dans les bras de ma maman qui me
lisait des histoires, le soir, avant de m’endormir et qui m’apprenait tout ce
que je devais savoir sur les fantômes, les monstres et toutes ces créatures qui
peuplent l’imaginaire des enfants. En sécurité dans les bras de mon père qui a
toujours été « le papa le plus fort du monde entier de l’univers ».
Je me suis toujours sentie en sécurité même après les avoir quittés parce que
je sais qu’ils sont là, pour me rattraper si jamais je trébuche, parce que je
sais qu’ils m’ont appris à me débrouiller et à avoir confiance en moi.
Entendre
un gosse de 18 ans, l’âge de Titou, dire à une psychologue, après quelques
minutes de réflexion, « Non. » ça a été un véritable coup de massue.
Non pas que je vive aujourd’hui, dans un monde enchanté, loin de là. Je crois
qu’en tant qu’infirmière, la réalité je me la prends en pleine face au
quotidien. Mais c’était le fait de réaliser que j’avais grandi dans un monde de
Bisounours, dans un monde où les Stroumpfs n’ont pas peur de Gargamel parce que
même s’il existe, il ne peut pas les atteindre tellement ils sont protégés.
En tant
qu’homosexuelle, j’ai eu peur de faire mon coming-out, souvent. Ni plus ni
moins que la majorité des gays et des lesbiennes je pense. J’ai eu peur d’en
parler à ma famille et quand je leur ai dit, leurs réactions de soutien et
d’amour m’ont fait comprendre que mes craintes n’étaient pas fondées. Pourtant,
quand j’y réfléchis, même si parfois je me suis sentie seule quand j’ai
découvert que je préférais les filles, jamais, à aucun moment, j’ai songé que
je pouvais perdre ce sentiment de sécurité dans lequel j’ai baigné et grandi.
Parfois
je me demande en quoi mes écrits sont intéressants ou utiles. Je suis une fille
moyenne, qui mène une vie ordinaire voire banale. J’ai grandi dans une famille
soudée et aimante. J’ai compris que je ne pouvais pas sauver le monde mais que
je pouvais toujours essayer, à mon niveau, de le changer.
Mais
qu’est-ce que je suis censée faire quand j’entends un gamin de 18 ans répondre
à cette question « Est-ce que un jour dans ta vie tu t’es senti en
sécurité ? » : « Non. Jusqu’à maintenant, non. » Qu’est-ce
que je suis censée faire en tant que femme, en tant que lesbienne, en tant
qu’infirmière, en tant qu’être humain ?
Isabelle B. Price (13 Janvier 2010)
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