Hier,
au travail, une anesthésiste qui rentrait de vacances a déclaré qu’elle venait
d’apprendre que notre bien-aimée Ministre de la Justice venait d’accoucher.
J’ai ri en répliquant qu’elle avait quand même un peu de retard. Ben oui, notre
vénérable Garde des Sceaux a tout même donné naissance à une petite Zohra vendredi
2 janvier. Pour ceux qui auraient manqué cet incroyable événement, tout s’est
très bien passé. Rachida Dati a subi une césarienne mais s’est très bien
remise. Trop au goût des féministes qui s’insurgent du retour à l’Élysée, cinq
jours seulement après ce splendide saut dans la maternité à l’âge de 43 ans, de
notre ministre adorée.
Alors
que de nombreuses rumeurs et spéculations n’ont cessé de courir tout au long de
la grossesse de Rachida Dati quant à l’identité du père, le secret est aujourd’hui
encore très bien gardé. Tout le monde continue de s’interroger, sans succès. « Mais
qui est donc le papa ? » reprennent en chœur les plus grands
quotidiens. Une question qui permet à notre superbe déesse au sourire
éblouissant de rester en très bonne place dans les magazines people.
Et si
je faisais comme certains ? Et si je vous racontais une histoire ?
Une histoire de Princesse ?
Je précise que le récit qui suit est une oeuvre de pure
fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec
des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que purement fortuite.
Il
était une fois, une petite fille venue au monde dans un grand et beau pays qui
adore se vanter d’avoir inventé les Droits de l’Homme. Appelons ce pays Trance
et cette petite fille Lachida. Lachida naît donc dans une famille unie. Un père
maçon d’origine marocaine, une mère algérienne élevant ses douze enfants avec
optimisme et foi. Elle grandit en rêvant de côtoyer ces héros qu’elle voit à la
télévision et dans les magazines. Obligée de travailler très jeune, elle
commence à 14 ans par faire du porte à porte pour vendre des produits
cosmétiques. Elle anime également un centre aéré et travaille même dans une
grande surface. Puis, alors qu’elle a 16 ans, elle devient aide-soignante dans
une clinique privée pour financer ses études. Finalement, à l’âge de 21 ans, se
présente l’occasion pour Lachida de réaliser ses rêves. Alors en faculté
d’économie à Pijon, elle apprend que l’ambassade d’Algérie donne une réception
à la capitale de Trance, Varis.
Lachida
s’y rend donc et, grâce à son sourire étourdissant, sa force de caractère et sa
volonté, elle parvient à convaincre de ses capacités. Elle obtient un poste de
comptable dans une grande entreprise tout en continuant, en parallèle, ses
études.
Et la
voilà, à seulement 41 ans, devenue Ministre de la Justice de Trance. Une sacrée
performance, une sacrée revanche.
Une
carrière professionnelle qui décolle mais une vie privée qui reste secrète.
Travailleuse acharnée, Lachida a tout sacrifié pour atteindre cette place,
tout, même l’amour. Elle se dit que sa vie est comblée maintenant qu’elle
apparaît en première page des journaux. Dans le jacuzzi de son petit
appartement de fonction, alors qu’elle sirote un verre de vin blanc, elle
regrette juste de n’avoir personne avec qui partager sa réussite.
Mais un
jour, dans les couloirs de l’Élysée, Lachida, qui va être en retard pour les
vœux du Président, le grand Ricolas Zarkosy, percute de plein fouet la belle-sœur
de ce dernier. Alors que Lachida tente de s’excuser tout en remettant son
escarpin qu’elle vient de perdre (il n’est pas aisé de courir dans les couloirs
de l’Élysée en talons) Lachida lève soudain les yeux sur l’obstacle vivant
qu’elle vient de heurter. Son regard est à cet instant captivé par la beauté de
cette blonde aux yeux bleus rieurs qui n’avait aucune envie de se soumettre à
cette obligation annuelle. Le sourire qu’ébauche la jeune femme subjugue la
Garde des Sceaux qui, l’espace d’un instant, oublie qu’elle est très en retard.
Heureusement,
Valérie la rappelle gentiment à l’ordre en déclarant « Nous ne pouvons
pas arriver toutes les deux en retard, ce serait du plus mauvais effet. Courez
encore un peu, j’ai l’habitude d’être le vilain petit canard. » Des
paroles qui touchent Lachida plus qu’elle ne veut bien le reconnaître. Elle,
née et élevée en Trance, mais que l’on dit malgré tout étrangère alors qu’elle
n’a connu que ce pays. Elle qui se sent trançaise quand tout le monde voudrait
qu’elle se sente algérienne ou marocaine. Elle qui s’est toujours battue pour
ne plus être écartelée entre ces trois cultures qui se côtoient difficilement
en elle. Bref, elle est touchée notre Ministre de la Justice.
Le
discours présidentiel semble interminable à Lachida. Elle passe vingt minutes à
chercher Valérie du regard tout en ayant l’air de ne pas s’ennuyer. Mais la
foule étant on ne peut plus dense et la bienséance lui interdisant de bouger,
notre Garde des Sceaux se voit dans l’obligation d’attendre le cocktail donné
quelques heures plus tard pour enfin retrouver l’éblouissante blonde qui a
touché son cœur.
Toutes
les deux se retrouvent devant le plat de petits-fours au saumon fumé et échangent
une blague lamentable sur les fruits de mer. Elles comprennent alors, à ce
premier fou rire et à ce second échange, qu’elles sont en train de tomber
amoureuses. Évidemment, il leur faut quelques mois pour se l’avouer. Jusqu’à
présent elles n’ont connu que des hommes et n’ont entendu parler du coup de
foudre que dans les romans à l’eau de rose qu’elles nient avoir jamais lu. La
peur, la famille, la presse, sont autant de freins qui les effrayent encore
plus, mais une entrevue dans un ascenseur va tout bouleverser…
En ce
mercredi pluvieux de mai, le Président de la République de Trance a décidé
d’annoncer la grossesse de sa jeune épouse. Le mercredi a été choisi car c’est
le jour de la famille et tout le monde a été convié à la conférence de presse. Bien
entendu, Valérie se doit d’être présente en arrière-plan, le sourire aux
lèvres, la joie irradiant sur son visage. Le fait qu’elle puisse avoir un
tournage au fin fond de l’Auvergne pour son nouveau film ne dérange personne.
Comme à
son habitude, Valérie arrive en retard. Elle descend de sa voiture juste devant
les marches de l’Élysée et est surprise par une pluie battante qui la laisse
trempée en quelques secondes. Seulement elle s’en moque. Elle a d’autres
soucis. Elle a des problèmes avec son chef-monteur et les derniers rushes qu’elle
a pu visionner de son film ne la satisfont pas. C’est donc l’esprit ailleurs
qu’elle s’engouffre en courant dans l’ascenseur de l’Élysée pour rejoindre les
toilettes où elle a prévu de se changer en moins de dix minutes avant de
rejoindre la salle de conférence. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était de se
retrouver face à Lachida dans ce même ascenseur. Lachida, superbe dans son
tailleur Yves-Saint-Faurent, et visiblement très absorbée par un imposant
dossier.
Lachida
lève les yeux de ses papiers à l’entrée de Valérie dans l’ascenseur. Elle a le
souffle coupé en découvrant la jeune femme les cheveux humides, en bataille,
certaines mèches collées au visage. Valérie appuie sur le bouton du troisième
étage tout en laissant échapper un timide bonjour. Lachida, elle, est tellement
surprise qu’elle en laisse tomber son dossier qui s’éparpille à leurs pieds.
Les deux jeunes femmes se baissent alors pour ramasser les documents quand
leurs mains se frôlent en tentant d’attraper la même feuille. Elles lèvent
simultanément les yeux et se regardent avec une intensité qui fait vibrer l’air
dans la cage d’acier. Lachida ne peut se retenir et approche doucement sa main
pour s’emparer d’une mèche blonde collée sur le visage de Valérie. Elle la
dépose lentement derrière son oreille tout en lui caressant la joue.
La tension
sexuelle est à son paroxysme. Perdue et bouleversée par toutes les sensations
qui naissent dans son corps, Valérie déclare d’une voix enrouée et chargée de
désir :
« -
Il ne faut pas. J’ai regardé Hospital Central et Terapia d'Urgenza
et à chaque fois, au moment où elles s’embrassent, les portes de l’ascenseur
s’ouvrent et quelqu’un les découvre dans cette position compromettante.
- Qui te
dit que j’allais t’embrasser ? » rétorque Lachida qui a laissé
échapper cette question pour se protéger de ce qu’elle ressent.
Valérie
sourit. Elle vient de trouver aussi fort qu’elle, question répartie et sang-froid.
Heureuse de pouvoir jouer, elle laisse échapper un simple « Si tu ne
l’avais pas fait dans les trois secondes ayant suivi ton geste, c’est moi qui
l’aurais fait. » Impressionnée par autant d’assurance et ce flirt
flagrant, Lachida se relève, se tourne vers le bouton d’arrêt d’urgence, appuie
dessus et invite Valérie à se relever en lui tendant la main…
L’arrêt
de l’ascenseur ne dura que quelques minutes, le réseau de dépannage de l’Élysée
étant des plus efficaces, mais si vous cherchez bien sur les photographies
officielles, vous découvrirez que ni Lachida ni Valérie n’apparaissent au
discours d’annonce de la grossesse présidentielle. Elles étaient bien trop
occupées dans le bureau de la Garde des Sceaux…
En cliché
de lesbiennes, elles s’installeront ensemble un mois après leur premier baiser
et voudront un enfant quelques six mois plus tard. Consciente que le temps joue
contre elle, Lachida décide de porter le premier. Pour ce qui est de la quête
du géniteur, c’est une autre histoire.
Là il
se fait tard, il est l’heure d’aller se coucher maintenant. Maman ne va pas
tarder à rentrer du boulot. Elle travaille sur un nouveau projet de loi et sera
très fatiguée. Mais oui, elle viendra te faire un bisou en arrivant, ma grande,
comme d’habitude …
Isabelle B. Price (09 Janvier 2009)
Dans le prochain épisode : la quête du géniteur !
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